Les traitements des ronflements
Par le Dr Emmanuel Schmitt, ORL (Oto-Rhino-Laryngologie), Poissy
Les traitements des ronflements
Les traitements seront adaptés à l'importance des troubles.
• L'amaigrissement
Il sera toujours préconisé devant une surcharge pondérale. La réduction du volume de la base de langue et des tissus pharyngés améliorera toujours le passage de l'air. L’arrêt des facteurs favorisant le relâchement musculaire comme l’alcool mais ausi les médicaments induisant le sommeil
• La rigidification du voile du palais par radiofréquence
La technique, dite de radiofréquence consiste en l’administration dans l’arrière-gorge (voile du palais) d’ondes radio (radiofréquences).
Celle-ci consiste à créer de petites lésions dans les muscles du voile du palais à l’aide d’une électrode véhiculant des ondes de radiofréquence. Ces lésions, d’ordre thermique, provoquent, en se cicatrisant, la contraction des muscles du voile du palais. Ainsi, elles réduisent le volume du tissu du voile du palais et génèrent une fibrose qui le rigidifie et lui fait perdre sa flaccidité. Techniquement, il suffit de trois lésions, l’une sur la ligne médiane, deux autres plus latéralement au niveau du voile du palais, chaque ponction dure environ 25 secondes. La radiofréquence offre l’avantage, par rapport à la chirurgie, d’être moins invasive (pas d’ablation chirurgicale), de respecter les structures anatomiques donc sans danger de modification vocale et d’être non douloureuse. Elle est réalisée sous anesthésie locale pure, elle a remplacé progressivement la technique par laser plus douloureuse et plus invasive, la chirurgie n’est plus proposée qu’en cas d’excès de volume des amygdales qui ne peuvent être enlevées par cette technique. Le plus souvent 2 à 3 séances sont nécessaires.
Générateur de radiofréquence
Générateur de radiofréquence
Electrode de radiofréquence
Electrode de radiofréquence
Séance de radiofréquence après injection d'anesthésique dans le voile du palais
Séance de radiofréquence après injection d'anesthésique dans le voile du palais
• Prothèse d'avancée mandibulaire
Il s'agit d'une double gouttière dentaire qui permet d'avancer la mâchoire inférieure pendant le sommeil. La langue est ainsi décollée de la paroi postérieure et libère le passage de l'air. Ce système est efficace mais présente des problèmes de tolérance à long terme, du fait de la déstabilisation possible de l'articulation temporo-mandibulaire.
• Les autres solutions proposées
Les spray buccaux ou nasaux à base d'huile ou d'autres produits "naturels" ont surtout un effet psychologique et placebo. Leur large diffusion repose surtout sur des considérations marketing. Les bandelettes nasales ou écarteurs narinaires n'améliorent que l'entrée de l'air au niveau des narines mais ne traitent en aucun cas le ronflement.
Les oreillers anti-ronflements ou tout autre système de maintien en hyper extension peuvent avoir une certaine efficacité en améliorant le passage de l'air.
Les stimulateurs électriques de poignets ou autres appareils électroniques qui détectent les ronflements et réveillent le ronfleur contribuent à perturber, s'il en était encore besoin, le mauvais sommeil du ronfleur. Finalement le ronflement n’est pas une fatalité, il est possible après avoir éliminé un éventuel SAOS de le traiter au plus simple afin de rétablir un équilibre nocturne du couple…
Le traitement des apnées du sommeil par la stimulation pharyngée? Un espoir pour certains patients?
Le traitement par Pression Positive Continue (PPC) est le traitement de référence des apnées obstructives. Il est efficace mais souvent contraignant avec une observance au long court autour de 40 à 60%. Les alternatives thérapeutiques sont moins efficaces : la chirurgie (UVPP, amygdalectomie….), l’orthèse d’avancée mandibulaire.
La fermeture des voies aériennes liée à la baisse du tonus des muscles dilatateurs du pharynx en est la cause principale. C'est pourquoi la recherche d'une technique de stimulation des muscles dilatateurs dont le principal est le muscle de la langue (génio-glosse) a été engagée depuis plus de 10 ans.
Le principe: la stimulation directe par le courant électrique des muscles pharyngés n'est pas utilisable, car pour être efficace il faut utiliser une intensité de courant qui est douloureuse et qui empêche donc le sommeil. Une première tentative de stimulation du nerf (grand hypoglosse) qui innerve le muscle génio-glosse a été interrompue au début des années 2000 en raison de la fragilité des électrodes de stimulation.
La technique proposée actuellement consiste à placer sous la peau du cou une électrode sur le nerf Grand Hypoglosse et à envoyer une stimulation électrique par l'intermédiaire d'un petit boitier électrique placé sous la peau au niveau de la poitrine (comme un pace-maker cardiaque). Deux méthodes de stimulation sont possibles: soit déclenchée par chaque inspiration, soit continue pour élever le tonus du muscle génio-glosse.
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Le stimulateur est mis en place sous anesthésie générale et le réglage de la stimulation se fait quelques semaines après au cours d'un enregistrement de sommeil à l'Hôpital.
Résultats: Il y a actuellement une vingtaine de publications et des présentations lors de Congrès du sommeil. Plusieurs centres aux USA, en Australie et en Europe expérimentent cette technique.
Des demandes de remboursement et une implantation commerciale débute en Europe (Italie , Allemagne, Belgique et Hollande). Trois sociétés fabriquent un neurostimulateur.
Dans la première étude publiée en 2011 (Stimulateur APNEX Australie) les résultats obtenus sont sur le graphique ci-dessous.
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Chez 21 patients il y a une baisse significative du nombre d'apnées-hypopnées par heure (AHI) de 40 à 20 au 6ème mois. Le résultat est meilleur lorsque le poids est plus bas (Index de masse corporelle= poids /taille2 est < 35 kg/m2). La vigilance et la qualité du sommeil se sont améliorées. 8 patients ont du avoir une nouvelle intervention pour repositionner l'électrode de stimulation, 2 ont demandé le retrait du dispositif dont l'un à cause d'une infection.
Un autre système INSPIRE, est en cours d'évaluation multicentrique en Europe et aux USA. Un troisième dispositif IMTHERA a obtenu des résultats équivalents à 12 mois chez 13 patients mais avec une technique de stimulation continue qui semble avoir un effet qui se prolonge plusieurs nuits après l'arrêt de la stimulation.
En conclusion: il s'agit d'une technique encore expérimentale qui obtient des résultats sur les apnées, inférieurs à la PPC et qui s'appliquerait plus aux sujets de faible poids ayant une obstruction bien localisée à la région de la base de langue. Son efficacité et ses risques à long terme (>1an) ne sont pas connus. Sa diffusion sera probablement limitée par son coût (probablement > 20000 euros). Les publications à venir permettront de préciser ses indications.